Aucun doute, et pas le temps d’avoir de suspens, les 40èmes Sud sont bel et bien nommés ! Nous avons quitté le Club Nautico Vito Dumas en milieu d’après midi par beau temps, à la voile. Un départ agréable et 148 milles de moyenne le premier jour. Ça fonce, et pas besoin de beaucoup toiler ! Nous savions que nous allions croiser une dépression en chemin. L’appréhension était assez forte ; plus je téléchargeais de météos, plus cette dépression grossissait et descendait vers nous. Ce n’était pas bon signe. D’autant plus qu’en lisant les récits de navigateurs nous ayant précédés, les prévisions sont souvent optimistes et sous estiment la force des coups de vent… Notre dépression semble vouloir se stabiliser dans les prévisions à 26 nœuds établis, et 32 noeuds dans les rafales. Une première pour moi qui n’ai jamais navigué à plus de 28 nœuds avec surtout le stress de ne pas savoir jusqu’à combien tout cela pourrait bien monter… Je me rends compte que ce qui est angoissant, ce n’est pas d’affronter le temps actuel. Quelque part c’est déjà fait puisque nous y sommes déjà. Mais de devoir anticiper les pires scénarios d’évolution de la situation en permanence, en […]
Read MoreAprès avoir épuisé mes six mois de visa Brésilien, et continuant gentiment notre route, nous voici moi et mes équipiers rendus en Uruguay. Changement de pays, de langue et d’atmosphère immédiate. Aucun doute, le voyage a repris. La découverte de l’Uruguay me plaira beaucoup, c’est un pays méconnu, au mieux connait-on son emblématique ancien président Pepe Mujica, voir sa VW Coccinelle. Uruguay : éloge de la lenteur L’Uruguay est une zone de navigation injustement mise de côté; beaucoup de marins se contentent d’une escale à Piriapolis avant de rejoindre directement Mar del Plata. Pourtant il y a plein d’avantages. Les ports sont faciles d’accès et très souvent en centre ville, les amarrages sûrs, et tout est centralisé dans les fichiers de la DNH qui récupère vos données d’un port à l’autre, ce qui évite de tout recommencer à chaque fois. Le climat est excellent, nous avions entre 20 degrés la nuit et 30 voir 35 la journée en décembre, soit au tout début de la saison estivale. Le pays est calme, très calme, les gens ont et prennent le temps, sont incroyablement prévenants et accueillants. Les escales sont variées. Le nord du pays est bordé de plages plus ou moins rocheuses, […]
Read More15 novembre 2016, 19h45. Je suis en mer, déjà au large des côtes Brésiliennes après avoir quitté Florianópolis la veille au matin. Le bateau avance bien. Du moins comme il peut avancer avec autant de barbe à la flottaison et de coquillages sous la coque. Une moyenne de 5,2 noeuds depuis le départ. Les couchers de soleil sont magnifiques ici, plus je prends du Sud, plus je sens que la lumière devient blanche. Plus brute. Super lune ? On me parle beaucoup de super lune. A la télé, sur internet. Je me souviens de l’éclipse de Super Lune l’année passée, j’étais au large du Cap Finistère en Espagne. Il ne me semble pas qu’on parlait de super lune durant mon enfance. Comment ça va être cette année ? La lune doit se lever maintenant dans moins de 10 minutes. Comme le temps s’est écoulé depuis la dernière super lune… Je me plonge dans les souvenirs de cette année passée. J’ai tout quitté, ma vie, ma famille, mes amis, mon travail. J’ai perdu mes repères, mes certitudes. Je me suis reconnecté à mes rêves, mes idéaux. J’ai traversé l’atlantique en solitaire alors que six mois auparavant je ne savais pas régler […]
Read MoreAprès avoir quitté Jacaré, et une arrivée de nuit fabuleuse dans la ville de Salvador, j’entame la descente vers Rio de Janeiro pour rejoindre mes futurs équipiers : un mois de navigation intensive, d’exploration dans l’Etat de Bahia. Mouillages somptueux, plages, remontées de fleuves… la navigation ici est incroyable, le bassin est très grand, il y a tant à voir, à faire, à découvrir. Je me suis retrouvé perdu dans de petits villages de pêcheurs, au milieu des pirogues. Ici la culture africaine est très présente, dans les rites, la religion, la cuisine, la musique. Je regrette de ne pas avoir eu plus de temps, ce mois de navigation me laisse le meilleur souvenir maritime de mes six mois au Brésil. L’exploration Après une semaine dans la ville de Salvador, je passe la nuit sur l’île voisine d’Itaparica. C’est le point de départ de la vidéo. Cette île est très prisée des Salvadoriens, ils y vont le week-end, certains ont appris à nager là-bas et l’île a pour eux le goût de l’enfance. Itaparica est à l’entrée de la baie de la « Baía de todos os Santos », la baie de tous les Saints. Cette baie est un paradis pour les bateaux : […]
Read MoreLa traversée vers le Brésil se joue en deux mouvements. Le premier bercé par les alizés, le second par le pot au noir. Les calmes. Les grains. La pluie. Le corps met cinq jours environ pour prendre le rythme, s’adapter, se laver de la terre. C’est vrai, la mer nous lave. Lorsqu’il ne reste plus rien, des jours durant, autour de nous, on se lave de tout ce que notre corps et notre esprit aura construit dans une vie entière d’adaptation au monde. Un retour à l’état naturel. Pur. Simple. Quand il n’y a plus rien, que l’on n’a plus besoin de rien, on se satisfait à soi-même. On est débarrassé des envies, jalousies, illusions, faux buts et faux espoirs, faux devoirs. De la peur de l’échec, de la peur du futur, de la peur de l’inconnu. Je n’ai pas eu peur au large. À se demander si tous ces poids qu’on se trimballe sont réellement les nôtres… Je ne suis pas le seul à faire ce constat, Moitessier en parle dans La Longue Route, Saint Exupéry dans Terre des Hommes. De cette peur qui nous hante et nous empêche. Nous façonne au point de ne même plus parfois arriver à voir que c’est elle […]
Read MoreJ’aurai mis 10,5 jours pour traverser l’Atlantique en solitaire, du Cap Vert au Brésil sur l’archipel de Fernando de Noronha. C’est long et en même temps c’est court. Mais en réalité, le temps n’a aucune importance. La solitude non plus. En fait, plus rien ne compte et c’est bien là toute la magie du grand large. Jusqu’à maintenant, je n’avais effectué que de petites navigations, deux jours, cinq jours, voire six pour rejoindre le Cap Vert depuis les Canaries. Mais dans ces petites traversées, la date d’arrivée est encore calculable. On joue de la météo, des vents, du moteur ; on calcule le temps qu’il nous reste, on « tient notre moyenne ». Sur une transat, on n’en a plus rien à faire. On part, le reste on verra. Au large, j’étais en paix. Rien ne manque, rien ne lasse, le temps passe et plus rien ne compte. Je ne me suis jamais ennuyé, bien au contraire. J’ai même été déçu d’arriver si vite. Cela aurait pu durer dix, vingt, trente jours de plus, cela n’avait plus d’importance. Je n’attendais plus une date d’arrivée, je vivais en mer, simplement. Le départ J’ai quitté Mindelo l’après midi, après un bon repas à la marina. […]
Read MoreVoilà presque trois mois que nous avons pris possession du bateau, et deux mois que nous sommes partis. Le rythme s’installe : celui des navigations, des escales, et tout semble se passer pour le mieux. Mais la vie serait bien trop simple si tout se passait exactement comme nous l’avions prévu ! Transatlantique sous les alizés, Caraïbes, Panama, Tahiti… une route sous les tropiques, en eaux turquoises et vents établis. Sauf que depuis le départ, avec Roxane nous trouvions que quelque chose ne tournait pas rond. De discussion en discussion nous n’arrivions pas à mettre le doigt dessus. Roxane commençait à avoir le blues, les adieux trop pressés au départ de Genève ont visiblement laissé un vide où commençaient à s’installer les regrets. Le voyage en voilier semblait ne pas répondre à ses attentes de découverte, elle se sentait malheureuse et pas à sa place. Elle attendait avec impatience notre arrivée sous les tropiques, dans lesquels elle plaçait tous ses espoirs. Le bateau fonçait d’escales en escales, des navigations simples et confortables, des paysages somptueux, des pays accueillants. Et puis un jour, le bon endroit, le bon moment, nous comprenons. Tout va beaucoup trop vite. En mer, tout est dicté par la météo, et notre […]
Read MoreVoilà maintenant un mois que nous sommes partis, tant de choses se sont passées en si peu de temps ! Nous avons quitté Cherbourg le 7 septembre pour nous rendre à la Rochelle, afin d’exposer Wallis au salon du Grand Pavois. Le 25 septembre, nous partions pour Porto, puis avons enchainé sur Lisbonne et ensuite le Maroc côté Méditerranée. Nous sommes maintenant à Cadiz, et nous profitons de la visite de la famille à Roxane pour visiter l’Andalousie. Mais au fond, que s’est t-il passé en un mois ? Et bien, difficile à dire ! Je sais qu’il m’est désormais impossible de me souvenir de mon ancienne vie ! Elle semble si lointaine qu’il m’arrive de me demander si elle a vraiment existé… Ce qui a changé Au premier abord, c’est le rapport avec nos proches qui, je dirais, s’est le plus transformé. Comme dans chaque grand bouleversement, tout est remué et les cartes sont redistribuées. Au hasard d’ailleurs, nous n’aurions pas pu prévoir qui allait s’éloigner et avec qui nous allions nous rapprocher. Quelques bonnes surprises et quelques déceptions. Probablement nous-même avons du surprendre et décevoir. En fait, c’est tout le rapport aux autres qui change. Déjà par le fait même de voyager à la voile et d’être régulièrement […]
Read More